vendredi 13 décembre 2013

Nikka "Pure Malt", l'introduction aux whiskies japonais.


Aujourd'hui, inauguration des billets orientés gnôles. Pour fêter cela, nous allons nous hipsteriser un brin et conquérir - peut-être - la nipponitude...

Le White et le Red ont près de deux ans... Du coup, le tourbé commence à sérieusement s'éventer... Faut vite finir de se le siffler...
Comme ces hideux et faciles néologismes ne le suggèrent pas - par contre, le titre du billet à du vous mettre la puce à l'oreille... -, on va causer whisky japonais. En l'occurrence de la gamme Pure Malt de Nikka, composé de trois assemblages distincts : Red, White, Black - ne manque que Force Bleu et Force Rose pour avoir une équipe au complet - et pouvant être classée du côté des "bons marchés".

Mise en situation.


Mais d'abord - ne fuyez pas -, place à quelques informations. N'hésitez pas à cliquer sur les liens pour avoir des précisions supplémentaires.

Nikka, c'est la société fondée par Masataka Taketsuru, le papa du ouÏssOUqui au pays du soleil levant. Ce dernier ayant fait ces classes en Écosse, terre du scotch, la production japonaise peut être qualifiée de "type écossais". Cela ne veut pour autant pas dire qu'elle en est une simple copie sans âme... Avec le temps, les distillateurs japonais ont trouvé leur propre "typicité" - même si l'expression est plutôt galvaudée.

Et accessoirement, les producteurs nippons ne respectent pas toujours les recommandations de la Scotch Whisky Association. Présentement, le nom de la gamme : l'expression "pure malt" étant prohibée depuis 2009 pour les scotchs des suites du "Cardhugate".

Avant de passer enfin aux bouteilles, signalons que les whiskies japonais sont de plus en plus tendances depuis une dizaine d'années... Et quasi mécaniquement, de plus en plus chers. La hausse est, par chance, moins marquée dans le "bas de gamme" - comprendre cependant que le ticket d'entrée se situe à 30 €, soit deux fois le prix d'un petit blend écossais...

Les trois bouteilles de la gamme Pure Malt se trouvent aux environs de 40 € l'unité - quand même - et les prix n'ont guère de variations : sites marchands et cavistes s'alignant sur le tarif de LMDW, importateur et distributeur de la marque.

Les vulgaires considérations pécuniaires ayant été abordées, passons au plat de résistance.

Le vif du sujet.


La gamme Pure Malt donc. Trois "parfums" différents : Red, White, Black. Le prix étant le même, vous vous doutez que la différence ne se situe pas dans une classique montée en âge des spiritueux.

Ce sont des blended malts, pour reprendre la dénomination écossaise : un assemblage de whiskies de malt provenant de distilleries différentes. En l'occurrence de Yoichi et Miyagikyo, appartenant au groupe Nikka.

Le packaging ne paye pas vraiment de mine : bouteille façon flacon de chimie avec un bouchon à l'efficacité douteuse, l'étui a été heureusement modifié : le carton rustique a été remplacé par un truc plus travaillé et accessoirement sur lequel est indiqué clairement la bouteille contenue...

Ah, j'oubliais, une bouteille contient 50 cl d'alcool - non, ne retournez pas vérifier le prix...

Red.


Commençons par le Red, le moins intéressant à mes yeux. À condition de le laisser reposer quelques minutes, le nez est frais et sympathique avec ses notes de fruits secs.

En bouche, il se révèle rond et fruité avec un caractère salin apparaissant en arrière-bouche. On identifie sans peine l'influence du Miyagikyo et du Yoichi.

Et c'est là tout le problème... Il est certes gratifiant pour le débutant/amateur de reconnaître facilement la provenance des malts. Mais du coup, l'assemblage semble trop "facile".

Là, en étant mauvaise langue, je dirais que c'est un mélange créé à l'arrache de Miyagikyo et de Yoichi "Non Age", les deux single malts "budgets" de Nikka, vendu comme par hasard au même prix, même volume que les pure malts. À vue de pif, 2/3 ou 3/4 de Miyagikyo et le reste de Yoichi...

À réserver aux amateurs de fruité et de suavité - cela dit, investir plus pour le single malt Miyagikyo 10 ans est sans doute un meilleur choix.

Association risquée... et osef le Zippo pour ces cheroutes...
White
.


Mon petit chouchou. Un vrai blended malt tourbé. Pas si violent que ça au premier abord. Là, encore laisser le whisky s'aérer un peu sinon il paraîtra agressif au nez et attendre la deuxième gorgée pour le juger. Pour résumé, nez : tourbe ; bouche : tourbe ; rétro-olfaction : tourbe - étonnant, non...

Le tout agrémenté de notes salines, de divers empyreumatiques allants de pair avec le côté tourbé - sans aller jusqu'au goudron et également un parfum de vieux vins mutés genre Porto LBV et Tawny millésimés que l'on retrouve souvent chez les whiskies nippons - c'est encore plus net si vous vous amusez à renifler votre verre une fois vide et les quelques gouttes d'alcool restant s'évaporant.

Ce whisky tourbé est celui que j'ai le moins de difficultés à associer à un cigare - je préfère cependant les rhums dans l'exercice du mariage cigares et spiritueux.

On pourra lui reprocher un manque de gras en bouche, comparé à un bon single malt d'Islay. Cependant, il s'agit du meilleur blended malt complètement orienté tourbe que j'ai pu goûter ; un Big Peat ou un Peat Monster semblant plutôt falot à côté.

En conclusion, une alternative beaucoup moins onéreuse que les single malts pour découvrir les whiskies tourbés japonais - reste le problème du placement tarifaire face aux Écossais : en gros tourbé "qui tâche", un Ardberg Ten ou Lagavullin 16 ans a un meilleur rapport Q/P...

Black.


Black Grouse, Cutty Black, Johny Walker Double Black Label... Chez les blends écossais, le "black" est à la mode dernièrement... Il s'agit d'assemblages avec une proportion supérieure de whiskies tourbés apportant plus de virilité au produit de base.

Le "Pure Malt" Black - encore ce mot - pourrait en être le précurseur japonais - bien qu'il s'agisse d'un blended malt. Grossièrement, on pourrait dire qu'il se trouve à mi-chemin entre le White et le Red. En somme, un whisky "au goût de whisky", un truc consensuel mêlant différentes origines juste pour espérer plaire au plus grand nombre...

Mais ce serait trop péjoratif pour l'élégant équilibre qu'il représente entre ses frères. Comme pour les deux autres, pensez à le faire un peu reposer. Le nez est, au final, assez proche du Red. En bouche, la tourbe ajoute une force et une chaleur incontestable aux notes de fruits et de bois - voir de fruits des bois. Ajouté à cela une finale longue et saline, peut-être un peu agressive sans le côté crémeux du White.

Le Black est à mon avis le meilleur des trois. Un vrai bon whisky de pur assemblage, cherchant le meilleur dans chaque "terroir" - bien que cela ne plaise pas forcément aux fous de single malts - et livrant un produit bien fait, goûtu et gourmand, en considération avec son prix, attractif pour un whisky japonais. Un beau cadeau pour Noël...

Au final.


Bon, ce fut un long billet. Merci aux courageux qui m'auront lu jusqu'ici. Je n'aurais pas dû parler des trois whiskies d'un coup, mais j'ai fait l'acquisition du dernier il y a peu. C'était l'occasion...

J'espère vous avoir fait découvrir quelque chose de nouveau - même par le petit bout de la lorgnette. Vous trouverez certainement votre bonheur sur ces trois variations autour du whisky japonais. Inutile d'investir dans les trois - faites ce que je dis, pas ce que je fais. Je ne reprendrai probablement pas de Red. Par contre, le White et le Black si une bonne affaire se présente... Deux excellents safe choices lorsqu'on ne sait que choisir.

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